maj le 08/06/2008

 

GUY CHABANT

GR653 : CHEMIN d'ARLES à COMPOSTELLE : VIA TOLOSANA

GENERALITES

Généralités Impressions générales Pèlerins fréquentés Meilleures Rencontres Pèlerin ou randonneur

GENERALITES

J'ai voyagé de Lille à Arles en TGV le Mardi 6 mai et je suis revenu le Dimanche 25 mai 2008, depuis Toulouse à Lille.

J'ai donc marché 18 jours pour environ 450 kms , soit une étape moyenne de 25kms (le LEPERE compte 469 kms). Avec deux longues étapes de 35 kms, et quelques courtes de 20kms.

Mon guide LEPERE (édition 2008) le fait en 18 étapes, mais avec un découpage différent du mien sur deux portions :

  • De ARLES à MONTPELLIER, j'avais prévu de retrouver un ami environ 10kms avant Montpellier, avec logement chez l'une de ses connaissances (cela a été annulé in-extrémis) ; j'avais donc préférer raccourcir à Vauvert, plutot que Guallargues
  • Voulant absolument passer à DOURGNES ( ABBAYES ), j'ai du recomposer les étapes depuis La SALVETAT , et la suite en découle : préférant le CANAL DU MIDI (qu'on présente comme une "Variante", mais elle est en fait pratiquée par plus des 3/4 des pèlerins), cela conduit à Naurouze et Bazièges.

Je serais seul à marcher, mon épouse étant partie en même temps et pour un mois dans sa famille à l'Ile de LA REUNION. Sur le chemin du PUY à SANTIAGO, que nous avons fait ensemble en 2004, 2005, 2006, j'avais pris l'option tranquillité en réservant d'avance tous les hébergements (sauf Espagne comme on le sait).

Ici, seul, je suis plus libre d'improviser ; mais en pratique, j'ai vite constaté qu'il valait mieux faire plusieurs réservations à l'avance (jusqu'à 6 jours).

Officiellement, de ARLES à PUENTA-la-reina, il y a 889km et 33j. Puis jusqu'à Compostelle : 699km et 29j. Au total : 1588km et 62j

IMPRESSIONS GENERALES

Le chemin est assez agréable, avec deux grandes parties quasiment plates et à basse altitude (Arles - Montpellier au début , Castres - Toulouse à la fin).
Le milieu du parcours est en petite montagne, avec des dénivelés très raisonnables pour un marcheur alpin : on culmine vers 1.100m , on marche entre 700 et 1000 m pendant plusieurs étapes dans les Monts d'ORB. Cette partie se passe surtout en forêt , chênes, châtaigniers, pins ; il y a rarement des vues dégagées.
Aucune difficulté majeure, si ce n'est certaines étapes très longues dues à la rareté des hébergements.

Le temps était plutôt frais (10°c à 18°C) pour un mois de Mai dans le Languedoc, beaucoup de journées étaient avec un ciel couvert le matin, et des éclaircies l'après-midi.

Hormis d'Arles à Montpellier, ou l'on marche dans une campagne découverte( rizières, vignobles ), le reste du parcours est généralement ombragé (forêts, canal et rivières bordée d'immenses platanes), ce qui doit être appréciable par forte chaleur.

Pour les réfractaires au goudron, comme moi, il y a hélas un peu trop de passages sur des routes , mais aussi de chemins abusivement goudronnées, la pire sottise étant de trouver des portions entières du chemin de halage du Canal du Midi goudronnées (la DDE étant pro-cycliste et n'ayant jamais marchée à pied bien sur).

Moins d'EGLISES sur ce chemin que sur celui du PUY, quasiment aucune ouverte ( à quoi sert un guide qui vous vante un tableau ou un vitrail à voir dans une église fermée ?), le cas le plus pénible étant la basilique ST SERNIN à Toulouse, qui ferme militairement à 17h55 !

Sur une grande partie du parcours, beaucoup de GENETS en fleurs (jaune bien sur) et qui dégagent un bon parfum, et aussi d'autres fleurs magnifiques dont j'ignore le nom.
Les animaux sauvages que vous pourrez voir, avec un peu de chance : Cerfs - Biches - Mouflons - Chevreuils ; lapins ou lièvres (très tôt le matin) ; salamandre (sorte de gros lézard jaune et noir) ; canards , écureuils.

Les hébergements sont beaucoup moins nombreux que sur la voie du PUY, de taille en moyenne plus petite, et bien sur sans aucun mesure avec le gigantisme de certains refuges en Espagne (100 - 150 places).

Le nombre de pèlerins est évidemment bien moindre : l'hôtesse du gîte de LES CASSES dispose de statistiques précises, que je cite de mémoire : environ 350 pèlerins par an au départ d'Arles, environ 700 au niveau de Castres, environ 1000 de Toulouse au Somport. A comparer aux 10.000 au moins partant du PUY et aux 20 à 30.000 qui passent (ou terminent ou partent) à ST JEAN PIED DE PORT. Donc une fréquentation de l'ordre de 10 à 20 fois plus faible.

Ceci a une conséquence immédiate sur les gens que vous rencontrerez : · ceux que vous trouverez au gîte de ST-GILLES le 1ER jour, vous les retrouverez probablement à chaque étape. · sauf à raccourcir fortement les étapes, ou a les allonger énormément (en faisant 2 étapes en 1 jour) , vous n'aurez que peu de chances de renouveler vos rencontres, vos amitiés de circonstance, et peut être vos inimitiés. ·
Vous pouvez vous trouver quasiment seul(e) à chaque étape ; inversement, vous pouvez tomber en même temps que 5 à 8 personnes , ce qui va remplir complètement beaucoup de petits hébergements (capacité 4 à 8 lits) , donnant l'impression d'une saturation permanente ! Les hébergeurs vous diront que la fréquentation est totalement aléatoire, en dents de scie, une jour ZERO, un jour 6 personnes, le lendemain un seul pèlerin ... ·
Si vous cherchez la solitude, elle sera facile à trouver ; vous pouvez marcher pendant des heures, une journée entière, sans rencontrer quiconque, sans doubler ou être doublé par un autre pèlerin ; · a contrario, si vous stressez (par exemple pendant des heures de marche solitaire dans une forêt sombre), il vaut mieux partir à deux, ou bien se trouver dès la première étape un pèlerin qui sympathise avec vous et veuille marcher de concert.
Pour ma part, la solitude m'agrée très bien, je marche à mon rythme , je monte ou descend plus vite que la plupart de ceux que j'ai rencontré mais peine sur le goudron, et je prend mon temps sur toute chose , 5 secondes pour contempler une fleur, 30s pour une photo ici ou là, 15 minutes pour discuter avec un vieux pépé en mal de contacts humains, petit repas léger mais long arrêt les pieds à l'air et petite sieste si le temps le permet ; et surtout départ assez tôt (6h - 7h) pour terminer assez tôt ( 12h-15h).

Une bonne partie des hébergeurs (gites municipaux, chambres d'hotes homologuées) prennent en confiance le paiement par chèque, et il y a un DAB dans la plupart des bourgades d'étapes, donc possibilité de retirer de l'argent progressivement.

 

LES QUELQUES PELERINS QUE J'AI FREQUENTES SUR CE CHEMIN

.... Dès les premières étapes .....

FRANCE , la Marseillaise à l'accent inimitable, joyeuse et toujours émerveillée comme un petit enfant (sa phase fétiche " C'est TROOOP BEAU "), qui a terminé à Castres.

JEAN-CHARLES, un SUISSE du Canton du Tessin, le seul parlant Italien, mais parlant très bien le Français et quelques autres langues. A la fois sympa, et un peu collant, se reposant beaucoup sur les autres quand il le peux, beaucoup d'aventures diverses à travers le monde, sac léger et très bon marcheur, mais croit un peu trop à sa bonne étoile (pas de téléphone portable, débarque dans un gîte sans avoir réserver), dans sa jeunesse plutôt rebelle - hippie - anarchiste - antimilitariste (mal vu en Suisse).

MORGAN , un ex Nordiste, en cours d'instruction religieuse dans l'un des plus grand séminaire de France à HYERES, le seul ici à faire réellement un chemin spirituel en vue d'approfondir sa foi religieuse, destination Compostelle puis FATIMA dans la foulée.

PAPY & MAMY , ainsi baptisés par la jeunette de l'équipe, pour l'état-civil ANDRE & CLAUDETTE , Vendéens de 71 et 67 ans , tenue vestimentaire appareillée comme des jumeaux, marchant assez lentement (Mamy a de mauvais genoux), mais arrivant toujours à destination , les seuls à avoir bien préparés leurs réservations à l'avance ;

la jeunette Miss LUCILLE (25 ans) et son papa JEAN-LOUIS, tous deux gros fumeurs (surtout le père) ayant pris le motif " Faire le Chemin " comme motivation pour cessez complètement de fumer, ce qui est très honorable et courageux, et je peux attester qu'ils respectaient bien leur engagement le long du chemin. Souhaitons leur de persévérer après leur retour dans leur home du coté de Valence (Drome). J-L ayant dit-il 60% de la capacité respiratoire normale, disait peiner dans les montées. Quant à sa fille, les jeunes étant par nature peu prudents, s'est retrouvée avec une tendinite aiguëe (ou quelque chose de semblable) qui l'a mise H-S pendant 4 étapes de ST GERVAIS à CASTRES, ou je les ai quittés définitivement (ils y restaient un jour au repos). J'ignore pour l'instant s'ils ont continués et jusqu'ou ( COMPOSTELLE ?? ) ; ·

.... Un peu plus tard ou plus raeement .....

MONIQUE & MAITE, deux Vendéennes ex - Infirmières, dont l'une avait un pantalon de toile bariolée rose / blanc, qui me remettait en mémoire celui d'un Mexicain vu sur le Camino Espagnol en 2006. .... Vers St-Guilhem ou Castres .....

deux Allemands de Fribourg, la dame Française d'origine, ·

JEAN-LUC, le pèlerin le plus original pour moi : baliseur de chemins dans le LOIRET , randonne avec sa tente / duvet / etc (poids du sac ... ?) et fait le plus souvent du camping sauvage (sauf à Toulouse ou il a logé comme moi au FJT) , se pointe à Bazièges au gîte vers 19h en pleine forme rien que pour discuter et faire tamponner sa crédentiale, repart camper dans la nature, bronzé à l'excès, plein de bagues aux doigts, semble manger très frugalement (il a des rations lyophilisées), capable de très longues étapes (parti d'Arles le 13 MAI, mais a sauté 2 étapes en bagnole par un ami du coté de Montpellier), et écrivant le soir de longues pages d'une écriture serrée et impeccablement régulière dans son carnet de souvenirs (ou il m'a fait une place ... en bien ou en mal ... ). Passe son temps sur les chemins de St-Jacques : prévoit de sauter de Punta La Reina à Hendaye, pour enclencher le Camino Del Norte , puis arrivé à Compostelle , repartir sur un autre chemin (La Plata ?). ·

JOSE-MARIA, un Espagnol, ou mieux un CATALAN (il flotte comme un air d'autonomie ou d'indépendance dans les provinces espagnoles), mais parlant très bien le français, avec accent chaleureux, faisant le chemin d'Arles à rebrousse - poil : il avait fait Lescar - Puenta-L-R , il fait ici Castres - Lescar, et plus tard Arles - Castres. Un grand bavard très sympa, avec plein d'histoires (il suffit de le brancher sur un thème, et ça roule), mais très discret et pas du tout bruyant dans le dortoir : une perle ! Et comme moi 41 ans de mariage (avec la même épouse pardi, et toujours de la tendresse) , 4 enfants (que des filles , je suis mieux Lotti avec mes 2+1). Avec un sac hyper léger, ce qui m'a complètement assis sur le " c.. " : 6,8 KG sur la balance d'un marchand, là ou le mien faisait presque 13 KG. Mais en tirant trop sur le poids, on risque de faire une impasse sur des choses indispensables surtout si temps FROID ou PLUVIEUX répétitif ; j'ai appris que suite à journées pluvieuses, il avait abandonné à l'LE JOURDAIN. ·

NELLY, une dame débarquant au hasard à 20H30 , sans téléphone portable ni réservation, au gîte de Bazièges , et ayant la chance inouïe de le trouver encore ouvert, et avec de la place libre à cette heure (et trouvant cela normal) : cela parce qu'arrivée à Naurouze vers 12H30, madame n'aimant pas glander toute l'après-midi , a enchaîné sur l'étape suivante (et parce qu'elle a pris le raccourci économisant 1 ou 2h par rapport à suivre les méandres de la Rigole). Le lendemain, partant tardivement vers 9H, arrivant la fleur au fusil à Toulouse chez sa fille qui devait l'héberger , trouvant porte close (compréhensible, elle devait l'attendre seulement le lendemain), se pointe au FJT vers 18H sans s'en faire (mais 2 places seulement : moi et J-L). J'ai eu la mal politesse de la traiter d'imprévoyante, ce qui n'a pas plu.

 

Les meilleures rencontres (mais j'en oublie certaines)

TOUTANT, Canadien québécois de Dromontville, m'ayant invité à une rando au Québec.

le Guide, féroce Occitan de ST-GUILHEM.

la commercante, à LA SALVETAT , pour son accueil ouvert au public autour d'un lunch / apéritif

Giedre et Alain, pour leur accueil à la Villa Issiates (mais la plupart ds autres hospitaliers méritent aussi mes louanges, je ne peux les citer tous).

Frère VINCENT, le moine humoriste et truculent (relire Rabelais) à EN CALCAT.

mr DAYDE, le vieillard de 100 ans rencontré à REVEL.

L'ouvrier Ebéniste, rencontré à REVEL sur la "Rigole".

LIONEL B. , l'hospitalier bénévole de BAZIEGES.

 

PELERIN ou RANDONNEUR ?

Est-on " pélerin " par le simple fait que l'on marche sur l'un des chemins catalogués comme Chemins de Compostelle ? La mode ou tendance, aujourd'hui, va vers une réponse positive, cela donne au marcheur une auréole du bon vieux temps, un petit vernis superficiel de spiritualisme.
Pour ma part, je serais plus restrictif, n'attribuant le statut de pèlerin qu'à ceux qui ont véritablement le but d'aller à Compostelle pour prier l' apôtre Jacques et l'honorer, dans une démarche religieuse chrétienne, ou au moins ceux s'efforcent d'accomplir quelques actes religieux pendant le parcours.
Pour moi, l'immense majorité des marcheurs sur l'un des nombreux chemins " de Compostelle " ne sont que des randonneurs, profitant d'une bonne infrastructure et d'une bonne documentation, avec un " plus " dans l'imaginaire collectif, et pour beaucoup attribuant à ces chemins une vertu magique et spirituelle que vous absorberiez le long du chemin en proportion de la boue amassée sur vos chaussures.